9 heures. Maga est en avance, elle s’agite autour des toiles. Son regard aiguisé ne laisse rien au hasard : tout doit être parfait pour l’arrivée des participants. Des zoomeurs. C’est le premier atelier d’une longue série : même s’ils se sont déjà vus à l’occasion de quelques heures animées par Culture du Coeur, c’est aujourd’hui qu’ils vont apprendre à se connaître. Pour de vrai.


Ils arrivent doucement, discrets, tout en retenue - souriants dans une effervescence palpable. Des gâteaux sont sur la table : ils les regardent, n’en prennent pas. Est-ce qu’ils ont le droit ? D’un sourire, les bénévoles les encouragent. Bien sûr qu’ils ont le droit. Tout comme leur présence ici est légitime, voulue.


Maga leur explique, de son léger accent du sud au charme indiscutable, en quoi va consister l’atelier d’aujourd’hui. Il s’agit pour eux de se mettre en scène. Elle leur présente Gilles, le photographe qui va les aider à choisir la position dans laquelle ils souhaitent apparaître, et l’expression dans laquelle ils se reconnaissent le mieux.


Maga les emmène ensuite près du pan de mur qui sera leur terrain de jeu - un jeu avec leur ombre et celles des autres. Les ombres ont ceci d’avantageux : elles peuvent se mêler comme les corps n’y parviennent pas.


Le petit groupe observe, dubitatif. Comment ça, jouer avec leur ombre ?


Maga leur montre : c’est facile, après tout. Il suffit d’un peu de lumière et d’imagination. Les zoomeurs s’apprivoisent devant ce morceau de mur. Ils découvrent leur image comme ils ne la connaissaient pas, osent des positions tantôt drôles, tantôt tristes - toujours attachantes.


De l’autre côté, Gilles reçoit les participants un par un. C’est dans une intimité tamisée qu’il leur propose de dévoiler leurs émotions. Ce qu’ils sont à l’intérieur, ce qu’ils souhaitent montrer. Ensemble, ils partent à la recherche de ce qui les définit.


L’atmosphère respectueuse se teinte rapidement d’éclats de rires. Les regards brillent - ce n’était pas du pipeau, on s’intéresse vraiment à eux.