Si l’on ne devait retenir qu’une chose de cet atelier 3, ce serait le regard des zoomeurs lorsqu’ils racontent leurs images.


Les peintures réalisées par MAGA sont en effet à chaque fois soulignées par l’ombre du participant, ombre dans laquelle un travail d’art plastique a commencé à être réalisé lors de l’atelier précédent : chaque zoomeur apporte ce qui définit son histoire, et créé son patchwork de souvenirs à l’intérieur de son ombre. Son bagage haut en couleurs.


Attiq, d’un regard triste, effleure une photo qu’il est en train de coller.

“Ca, c’est avant la guerre. L’Afghanistan était belle. Comme Paris avant sa guerre. C’est calme, c’est Kaboul. Ca, c’est après. Comme maintenant. Des guerres.”

Son regard glisse. “Regarde. Un boulanger afghan ! Moi aussi je suis un boulanger, c’est mon métier. Ici c’est compliqué, c’est toujours des machines. Moi je fais avec la main. Et lui là, c’est le commandant Massoud. Un modèle afghan.”


Rasul s’approche, et, avec un sourire, tente d’expliquer aux autres le Bouzkachi, sport national afghan dont on aperçoit une partie sur un cliché : “C’est un cheval qui tombe. C’est difficile d’expliquer en français. C’est un sport ancien… Il y a un mouton et une personne sur un cheval, et puis tu tournes et tu reviens pour mettre le mouton dans le rond. Si tu le mets à côté, pas de point.”

Nicole, une bénévole, leur demande s’ils ont déjà pratiqué ce sport.

Rasul et Atiq s’esclaffent : “Tu fais du foot ? Non ? C’est pareil ! C’est un sport, moi je regarde comme tu regardes un stade de football. C’est pas moi !”


Dans un coin, on aperçoit Ana son téléphone à la main. Son frère participe à une compétition de gymnastique au Portugal, et doit passer d’un moment à l’autre. Soudain, il apparaît sur son écran. Elle pousse un cri de joie. Ses mots s’emballent en portugais. “Pardon, normal, c’est l’émotion…”


Un peu plus loin, Hadiatou montre des visages. “Ca, c’est notre ethnie, les Peuls. Toute l’Afrique de l’Ouest ! Nous, on vient d’Egypte et de Lybie. D’autres sont venus du Niger, du Mali, du Cameroun... On parle tous la même langue. On est la même ethnie.”


A mesure que la journée avance, les zoomeurs se confient de plus en plus. Et c’est avec une émotion palpable que les bénévoles les écoutent.

“Nous, Africains, on a fait “Freedom”. C’est pas la démocratie, mais c’est la liberté !" - laissons à Domingos ces quelques mots pour conclure cette journée si intense, juste le temps que la colle prenne sur l'ombre...